Semira Adamu est morte
A relayer le plus massivement SVP
En outre, le cynisme des autorités par rapport
à ce qu'il faut bien qualifier de meutre
est effarante.
Alors que le parquet souligne le caractère normal de la procédure,
le
Ministre de l'Intéreur, Louis Tobback, parle, lui,
d'évenements regrettables néanmoins ce n'est qu'un incident
parmi les 5.000 expulsions
qui ont eu lieu depuis le début de l'année.
Pourtant, nous ne sommes pas face à un cas isolé,
le meurtre de Sémira n'est
que la suite logique
d'une politique d'expulsion
qui ne peut être appliquée
que de manière inhumaine,
découvrant ainsi son caractère barbare.
En dehors
des responsabilités qu'il est nécessaire d'établir
(cf détails dans le
communiqué de presse qui suit),
la mort de Sémira démontre la politique
inhumaine envers les réfugiés.
En dehors de notre indignation et de notre tristesse pour Sémira,
nous
espérons qu'elle ne sera pas morte pour rien.
C'est pourquoi nous espérons que la réaction des gens sera forte,
ce qui nous permettra d'en finir avec cette politique inhumaine.
Actuellement, de nombreuses initiatives se lancent:
-Les candidats réfugiés de Steenokkerzeel ,
lorsqu'ils ont appris la nouvelle ce matin, se sont directement mis
en grêve de la faim. Toute
communication avec l'extérieur est interdite actuellement.
De même, il leur
est interdit de suivre les radios et les télévisions.
Il semble évident que
l'Office des Etrangers fasse tout pour "mâter" leurs protestations.
Il est
fondamental que des gens aillent les voir à l'intérieur
(principalement des
avocats et des parlementaires qui ont un droit d'accès
quasi absolu) mais
aussi à l'extérieur (lors des promenades) pour leur apporter
leur soutien et
parmettre de les tenir informer de ce qui se passe à l'extérieur.
- Une manifestation a eu lieu mardi soir, devant la clinique Saint Luc
qui
s'est dirigé par la suite vers le centre 127bis de Steenokkerzeel
ensuite
devant la maison de Tobback.
- Une manifestation a eu lieu ce mercredi devant et à l'intérieur du Sénat
pendant la conférence de presse du Ministre de l'Intérieur.
- En outre, une manifestation a lieu jeudi 24 septembre à 18h00
devant
l'Office des Etrangers (152, Bd Emile Jacqumain, Metro Yser ou Rogier) à
Bruxelles. Venez nombreux !!!
- Un Rassemblement a lieu jeudi à 17 h 30 devant le Consulat de Belgique 24,
rue Childebert, 69002 Lyon
- Un rassemblement aura lieu à Paris devant l'ambassade de Belgique dans les
jours qui viennent.
Nous appelons à ce que le maximun de collectifs (hors de
Belgique)
organisent des manifestations devant les différentes ambassade de
Belgique.
- Des débrayages devrait avoir lieu dans des écoles,
université, usines,
lieu de travail.
Nous vous invitons à arrêter le travail
et à discuter de possibilités d'action de protestation.
A toute fin utile, je vous transmets aussi quelques numéros de téléphone,
faxs et adresses é-mail au cas où vous voudriez écrire à certaines personnes.
Ministère de l'Intérieur : Louis Tobback tel 32(0)2 227.07.00. fax 32(0)2
219.79.30.
ou henri.maes@mibz.fgov.be (au Ministère de l'Intérieur)
ou S.P. (au Parti Socialiste flamand).
La Sabena tel:32(0)2/ 7233111 fax: 32(0)2 7705697 communication@sabena.be
L'Office des Etrangers: tel 32(0)2 2055411 fax: 32(0) 2055520.
Merci encore à tous ceux qui ont soutenu Sémira durant ces quelques mois.
A bientôt.
Denis
Collectif contre les expulsions.
E-Mail ccle@altern.org
Copie du communiqué de presse.
Sémira Adamu a cessé de vivre ce mardi soir aux environs de 21h00.
Elle
était en coma profond depuis 11h00
suite à une hémorragie cérébrale
déclenchée
lorsque les gendarmes tentaient de l'expulser.
En bref, rappelons d'abord le parcours de Sémira.
Semira Adamu avait 20 ans.
Sa belle-mère (ses parents sont morts) voulait la
marier de force à un homme de 65 ans,
qui pourtant a déjà trois femmes.
Refusant cet avenir, elle s'est enfuie vers le Togo.
Elle a du le faire à
plusieurs reprises car son prétendant,
qui a le bras long, a réussi à la
ramener.
La peur au ventre (son mari a déjà tué une de ses femmes),
elle s'est à nouveau enfuie et a réussi à atteindre la Belgique.
Elle y est arrivée le 25 mars 1998.
Elle a directement été transférée et
incarcérée au centre fermé 127 bis de Steenokkerzeel.
Sa demande d'asile a été très rapidement déboutée.
L'Office des Etrangers
considère en effet que la Convention de Genève
ne couvre pas son cas.
Les
maltraitances à l'égard des femmes ne sont pas
(en Belgique, contrairement au
Canada par exemple) reconnues par l'Office des Etrangers.
Comme seule réponse à une femme qui craint pour son intégrité physique
et
morale, la Belgique n'a pu lui offrir que l'enfermement,
les barbelés, les
coups, les intimidations
et finalement la mort...
Dès que nous avons eu connaissance de son cas,
nous nous sommes mobilisés
pour tenter de la sortir de cet enfer.
Nous avons fait signer une demande de
régularisation qui a été signée
par des milliers d'associations et
personnes.
Nous avons entamé ainsi une campagne de mobilisation en sa
faveur.
Lise Thiry était devenue sa marraine, d'autres s'étaient portés
garant financier.
Face à toute cette campagne, l'Office des Etrangers
restait muet.
Sa seule réaction était de perpétuellement continuer
à tenter
de l'expulser avec de plus en plus de violence.
Nous avions des contacts journaliers avec elle.
Petit à petit, elle nous
informait des conditions de détention,
des exactions des gardiens, de
l'Office des Etrangers, de la Sabena.
Elle était devenue en somme le symbole de la résistance à l'horreur
que
représente les centres fermés.
Cette résistance, l'Office des Etrangers la lui faisait payer au quotidien.
Brimades, surveillance perpétuelle, écoutes téléphoniques,
privation de coup
de téléphone, de visites, changement d'aile pour l'isoler
encore plus des
autres réfugiés détenus,...
Elle était véritablement traquée
dans ses moindres faits et gestes.
Elle expliquait entre autre dans son témoignages du 23 Juillet:
"Après
l'évasion, j'ai eu tous les employés sur le dos.
On me surveille tout le
temps, j'ai toujours quelqu'un derrière moi.
Pendant une semaine après le 21
juillet, on n'a plus eu le droit de téléphoner.
Maintenant, on peut, mais on
a réduit les heures.
Avant, on pouvait appeler de 9h à 22h, à présent
seulement de 15 à 18h
et ce sont les heures où les appels coûtent le plus
cher...
De toute façon, les règles de vie changent tous les jours.
Un jour
quelque chose est permis, le lendemain,
ça ne l'est plus...
Ils ne laissent pas les gens de l'extérieur vous rendre visite.
Officiellement, les visites sont autorisées, mais quand quelqu'un fait une
demande de visite, ils ne l'accordent pas, ou ils ne donnent pas de réponse,
tout simplement.
Lise Thiry n'a jamais pu me voir.
Elle est venue, elle a
remis les livres et les vêtements qu'elle m'avait apportés aux gardes.
Je
n'ai pas pu la voir."
Elle nous avait téléphoné lundi (ainsi qu'à son avocat Maître Allcock). Elle
était en forme, elle avait juste terriblement peur.
Elle avait peur pour deux raisons:
tout d'abord, la prolongation de son
maintien détention ainsi qu'une note, dont son ordre de maintien était
assortie, demandant d'intervenir "éfficacement et rapidement" pour
l'expulser, et ce, avec l'aide des gendarmes.
Lors de la précédente tentative d'expulsion (début septembre), les gendarmes
l'avaient prévenue que "la prochaine fois, ils seraient très violents et
réussiraient à l'expulser".
Elle nous avait dit :"Les choses ont repris leur cours habituel,
excepté le
renforcement de la sécurité,
et à l’aéroport où des gens seraient capables
de tuer"
Mardi matin, on l'a emmenée à l'aéroport pour l'expulser.
On en était à la
sixième tentative de l'expulser, sixième qui fut fatale.
Nous n'avons que quelques éléments sur le déroulement de l'expulsion.
Nous
savons qu'elle a été amenée dans l'avion menottées,
qu'elle s'est débattue
et a crié et que les gendarmes lui ont mis un coussin sur la bouche.
L'expulsion du 21 juillet s'était passé comme suit:
"Toujours dans son
témoignage du 21 Juillet:
"Ils ont essayé de m'expulser quatre fois. La
première fois, ils ne m'ont pas forcée.
Ils m'ont emmenée à l'aéroport. Là
ils m'ont demandé si j'acceptais l'expulsion.
J'ai dit non et ils m'ont
ramenée au centre.
La deuxième fois, ça s'est passé de la même manière,
mais
ils m'ont prévenue que la fois suivante,
ils seraient plus durs.
La
troisième fois, ils m'ont préparée pour aller à l'aéroport
et puis en
dernière minute, nous ne sommes pas partis.
Ils m'ont dit qu'ils avaient
oublié de réserver ma place sur le vol.
Je suppose qu'ils avaient plutôt
peur des manifestions de soutien
qui étaient organisées pour moi...
La
quatrième fois, ça a été terrible.
J'ai été réveillée à 6h30 par une
employée
qui m'a annoncé que je devais retourner dans mon pays
et que
j'avais 20 minutes pour emballer mes affaires.
Je n'ai même pas eu le temps
de prendre une douche et j'ai oublié quelques affaires dans la
précipitation.
Finalement j'ai été prête et ils m'ont escortée jusqu'à la
porte d'entrée
et ils m'ont fait monter dans le fourgon pour l'aéroport.
A
l'arrivée, ils m'ont attaché les bras
à deux endroits et aussi les jambes.
Puis ils m'ont enfermée dans une cellule d'isolement,
j'y suis restée de 7h
à 10h30.
Ils sont venus me chercher. On est allés à l'avant de l'avion
et on
y est resté jusqu'à 11h15, quand ils m'ont fait embarquer.
Une fois à
l'intérieur, j'ai commencé à crier et à pleurer.
Huit hommes se sont
rassemblés autour de moi, deux gardes de la sécurité de la Sabena et six
policiers.
Les deux gardes de la Sabena m'ont forcée :
ils poussaient
partout sur mon corps
et l'un deux compressait un oreiller sur mon visage.
Il a presque réussi à m'étouffer.
En fait, ces deux gardes devaient
m'escorter jusqu'à Lomé.
Puis les passagers sont intervenus
et ils ont dit
qu'ils allaient sortir de l'avion
si on ne me libérait pas.
Un passager a
insisté aussi pour qu'on n'oublie pas
de me rendre mes bagages...
Il y a eu
une bagarre dans l'avion
et ils ont dû me débarquer"
Laviolence avait augmenter au fil des expulsions,
la dernière lui fût fatal.
Ensuite, elle a fait une hémmoragie cérébrale
qui a entraîné un arrêt
cardiaque.
Une demi-heure plus tard,
les services d'urgence arrivaient à
refaire battre son coeur.
Elle restait néanmoins dans un coma profond.
A
21h00, elle décèdait.
Sa mort appele bon nombre de questions...
- Avant l'embarcation dans l'avion:
- Que s'est-il passé entre le moment où elle a été réveillée
au centre
127bis et le moment où elle a été transféré à bord de l'avion:
A-t-elle reçu
des coups, des menaces,...?
- A-t-elle (comme celà se pratique parfois) été obligé d'ingurgiter
des
médicaments? Ceux-ci étaient-ils contreindiqués dans son cas ?
- Au bureau des pilotes: Lorsque Sémira nous a expliqué les menaces
qui
pesaient sur elle (lundi), nous avons immédiatement envoyé un fax au pilote
du vol pour Lomé.
Ce fax expliquait les violences qui risquait de se passer
sur son vol et lui demandant de ne pas embarquer Sémira.
Que s'est-il passé
avec ce fax?
A-t-il seulement été transmis au pilote?
A-t-il été intercepté
par un supérieur?
Sinon, pourquoi n'a-t-il pas été pris en considération?
-
- Dans l'avion:
- Que s'est-il réellement passé dans l'avion?
- Sémira était en excellente santé et assez "forte moralement" pour résister
à son expulsion.
Le parquet a confirmer l'usage d'un cousin mais que
s'est-il réellement passer dans l'avion?
- Un arrêt cardiaque et une hémorragie cérébrale ne surviennent pas
naturellement à 20 ans sans y avoir une cause provoquée...
- Quand à la vidéo filmée par les gendarmes, ne soyons pas dupes. Le
caméraman a pu filmer ce qu'il voulait. La subjectivité d'une bande vidéo ne
nous semble en aucun cas satisfaisante.
- Notons aussi, la contradiction flagrante entre la déclaration
du porte
parole du substitut du procureur du Roi qui dit en substance:
la procédure
normale dans l'avion est de placer un coussin pour éttouffer (...)
On fait
cà tout le temps et le président de la Sabena qui se plait à répeter "(...)
je peux vous assurer que notre personnel de sécurité respecte
scrupuleusement
les règles en matières de droits de l'homme(...)
Toute forme
de violence doit être comdamnée (...) "
- Pourquoi le pilote a-t-il accepté de prendre à son bord
une personne
menottée alors que les règlements en matières de sécurité
dans un avion
l'interdisent?
-
- A l'hôpital:
- Plusieurs faits troublants se sont passés à l'hôpital.
- Pourquoi est-ce que les médecins ont absolument voulu
qu'une personne la
voie et témoigne qu'elle n'avait pas subi de violences?
- Un examen visuel du corps ne permet pas formellement de déceler
les
éléments permettant d'expliquer l'arrêt cardiaque
et de l'hémmoragie
interne.
- Pourquoi est-ce que les médecins dans leur conférence de presse
ont-ils
tellement insistés sur le coté normal d'un arrêt cardiaque
et d'une
hémmoragie interne chez une personne de 20 ans ?
- Pourquoi n'ont-ils pas fait état des traces de menottes
sur ses poignets?
- Pourquoi une telle volonté de faire croire à un accident
alors que les résultats des examens ne sont pas encore connus ?
- Pourquoi une telle appréhension à ce qu'une autopsie
ainsi qu'une contre-expertise aient lieu?
A toutes ces questions, nous voulons des réponses.
Et pour ce, il est nécessaire que l'affaire ne soit pas
étouffée
au profit d'une version couvrant les exactions
des gendarmes à bord de l'avion envers Semira.
Nous tenons à ce que cette expulsion qui finit par un coma
et par la mort ait autre chose qu'un classement
sans suite comme conséquences.
C'est pourquoi nous tenons à récolter des témoignages
des passagers, à entamer une contre-expertise
et une autopsie indépendante, et ce, pour faire
la lumière sur ce qui s'est passé.
Nous sommes ici non pas face à un dérapage,
mais, face à une pratique quotidienne honteuse et qui,
dans le cas de Semira, se révèle être une conséquence fâcheuse
des menaces proférées à son égard depuis le début de son arrivée
en Belgique.
Ceci appele donc un procès où il sera permis aux
coupables de cet "assasinat" d'être jugés.
A tous les niveaux de
responsabilité.
Les responsabilités sont pour nous à chercher
dans le chef des exécutants (les gendarmes),
ceux qui y ont collaborés (la Sabena),
et surtout les décideurs (le ministre de l'Intérieur et Office des Etrangers)
de cette politique de terreur.
La fin tragique de Semira balaie tous les doutes
que certains pouvaient encore émettre sur l'inhumanité
d'une politique d'expulsion.
Nous appelons donc à la démission immédiate du ministre de l'intérieur (Louis Tobback)
et du directeur de l'Office des Etrangers (Schewebach).